Société

Aux origines de la crise en Haïti : Comment sommes-nous arrivés là ?

C’est la question que beaucoup, ou du moins la population haïtienne établie en Haïti et à l’étranger, se posent. Comment sommes-nous arrivés jusque-là ? Qu’avons-nous fait ? Quels choix avons-nous opérés pour aboutir à un tel résultat ? En plus de la misère et de la crise économique, nous faisons actuellement face à la terreur des groupes armés. L’État haïtien n’a pas pu contrecarrer ces actions terroristes. Mais depuis trois jours déjà, il est inexistant.

Haïti est un pays qui est né à la suite d’une révolution triomphante. Cette révolution est l’aboutissement d’une série de mouvements de résistance en réaction à l’implantation du capitalisme esclavagiste sur ce territoire. La crise qu’on pensait résoudre avec la révolution est resurgie à partir de l’avènement même de l’État en Haïti. Cette structure cristallise la violence entretenue entre les groupes sociaux d’origine coloniale.

Le XIXe siècle haïtien est un siècle où deux projets de société contradictoires s’affrontent. Le projet des descendants des esclaves, qui voulaient un pays où l’économie serait mise au profit d’eux-mêmes dans une logique inclusive où les profits et produits seraient réorientés vers la consommation locale. Le projet de société des affranchis noirs et mulâtres, anciennement propriétaires de terres et d’esclaves, voulait à tout prix maintenir le contact permanent entre eux et la communauté internationale sur la métropole française.

La communauté internationale, maîtresse de l’ordre international colonialiste et impérialiste, tient à ce que les anciens territoires colonisés soient leur chasse gardée économiquement, politiquement ou socialement. Dans une logique civilisationnelle, ces anciennes puissances, non homogènes et en compétition les unes avec les autres, tiennent même au prix du sang à maintenir cette situation qui leur est profitable. Cela dit, la révolution de Saint-Domingue et la nouvelle nation doivent rentrer dans les rangs de la soumission et de l’exploitation. Sinon, c’est l’ostracisme international et le silence sur les valeurs de cette révolution.

L’instrument par excellence de ce maintien d’ordre est l’État. Autoritaire, totalitaire, cet instrument maintient les classes dominantes dans leur hégémonie au détriment des classes populaires. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre le niveau de violence qui sévit actuellement en Haïti. Les groupes armés qui se réclament de révolutionnaires agissent consciemment ou inconsciemment à la reproduction de ce système arrivé à son terme.

Cette situation a pour conséquences des pertes en vies humaines, en biens matériels et de nombreux déplacés internes et externes. L’histoire détient toutes les réponses aux questions les plus difficiles à traiter, à aborder. Il ne reste qu’à suivre les verdicts de l’histoire. En les suivant, nous irons vers la rupture, mais les ignorer fait le lit du perpétuel recommencement dans la misère et la destruction.

HC Network

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