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Jean-Bertrand Aristide : Portrait d'un homme de foi et de politique

Jean-Bertrand Aristide, ancien prêtre de l'ordre salésien et homme politique, a marqué l'histoire d'Haïti en tant que premier président démocratiquement élu. Son parcours politique a été marqué par des hauts et des bas, mais il a réussi à s'imposer comme une figure importante de la politique haïtienne.

Né le 15 juillet 1953 dans la pauvreté de Port-Salut, dans le Sud d'Haïti. Son père est décédé lorsqu'il n'avait que trois mois, le laissant ainsi avec sa mère. À l'âge de cinq ans, Aristide a commencé à fréquenter l'école avec les prêtres de l'ordre salésien. Plus tard, il a obtenu son diplôme avec mention au Collège Notre-Dame de Cap-Haïtien en 1974. Aristide a ensuite suivi des études de noviciat en République dominicaine. De retour en Haïti, il a étudié la philosophie au Grand Séminaire Notre-Dame et la psychologie à l'Université d'État d'Haïti.

En 1979, Aristide part pour l'Europe pour étudier la théologie. Il retourne en Haïti en 1982 pour être ordonné prêtre salésien et est nommé vicaire d'une petite paroisse à Port-au-Prince. Partisan de la théologie de la libération, Aristide dénonce la dictature en Haïti, alors dirigée par la famille Duvalier. Ses critiques le font devenir une cible du régime, et l'ordre salésien l'envoie en exil à Montréal, au Canada, où il restera pendant trois ans. Il retourne prêcher en Haïti en 1985, alors que l'opposition au régime Duvalier prend de l'ampleur. Cette année-là, Aristide est nommé à l'église St. Jean Bosco. Il commence rapidement à organiser des messes hebdomadaires pour les jeunes et, en 1986, il fonde un orphelinat pour les enfants des rues. En raison de ses efforts en faveur de la démocratie en Haïti, Aristide reste une cible principale pour les attaques et survit à au moins quatre tentatives d'assassinat.

Après le massacre de St. Jean Bosco en 1988, au cours duquel des soldats paramilitaires haïtiens ont ouvert le feu sur la congrégation et ont attaqué les fidèles en fuite à la machette, Aristide a été ordonné de quitter Haïti par les responsables de l'ordre salésien. Cependant, des dizaines de milliers de personnes ont protesté, obstruant son accès à l'aéroport. Aristide a finalement été expulsé de l'ordre salésien en raison de ses discours incitant à "la haine et à la violence". Il a officiellement quitté le sacerdoce en 1994.

À la suite d'une campagne de six semaines pour la présidence haïtienne, Aristide est élu en 1990 dans ce qui est considéré comme la première élection démocratique honnête de l'histoire du pays. Cependant, huit mois après le début de sa présidence, il est renversé lors d'un coup d'État militaire. Après avoir été renversé, une campagne de terreur contre ses partisans a été lancée par le chef d'escadron de la mort et informateur de la CIA, Emmanuel Constant. Contraint à l'exil, Aristide s'est d'abord rendu au Venezuela avant de se retrouver aux États-Unis.

Aux États-Unis, le président Clinton a promis de ramener Aristide en Haïti. À la suite de vastes manifestations pro-Aristide de la part des expatriés haïtiens, ainsi que d'une pression internationale significative, Clinton a déployé des troupes américaines en Haïti alors que le régime militaire du pays reculait. Aristide est ensuite revenu à la présidence haïtienne en octobre 1994 pour terminer son mandat. L'année suivante, il a fondé le parti politique social-démocrate Fanmi Lavalas, qui a été rapidement rebaptisé Organisation du Peuple en Lutte.

En 2000, Aristide remporte un deuxième mandat à la présidence. Au cours de son second mandat, on a allégué qu'il utilisait de plus en plus des gangs de rue pour renforcer son pouvoir et terroriser ses rivaux politiques. Suite au meurtre du chef de gang Amiot Métayer en 2003, les partisans de Métayer ont pris pour cible le président, croyant qu'il avait ordonné le meurtre. En 2004, les forces rebelles ont intensifié leur campagne, envahissant finalement la capitale et renversant Aristide. Au milieu du chaos, Aristide et sa famille ont été évacués d'Haïti pour la Jamaïque. Après plusieurs mois passés là-bas, la famille a déménagé en Afrique du Sud.

Pendant sa présidence, Aristide a supervisé de nombreuses réformes de la société haïtienne. Son gouvernement a contribué à améliorer l'accès aux soins de santé et à l'éducation ; renforcer les protections pour les personnes accusées de crimes ; promouvoir les libertés civiles ; doubler le salaire minimum ; construire des logements à bas coût ; et soutenir les petits agriculteurs et les pêcheurs. Avec René Préval, Aristide a construit 195 nouvelles écoles primaires et 104 nouvelles écoles secondaires, et a accordé des milliers de bourses aux enfants. En matière de soins de santé, Aristide a supervisé la mise en place d'un programme de prévention et de traitement réussi du VIH/sida. Parmi ses autres réalisations notables en tant que président, il a lancé les premiers procès des escadrons de la mort paramilitaire, emprisonnant avec succès bon nombre de leurs membres et de leurs riches bailleurs de fonds.

Bien qu'il ait milité en faveur de la démocratie et des libertés civiles, Aristide aurait été impliqué dans certaines violations des droits de l'homme en tant que président. Human Rights Watch a accusé la police haïtienne sous son commandement d'avoir attaqué les militants de l'opposition, ce qu'il semblait encourager dans ses discours. Aristide a également été accusé de corruption en raison des accords présumés de son gouvernement avec diverses sociétés.

Après environ sept ans d'exil, Aristide est retourné en Haïti depuis 2011. Dans un premier temps, il s'est abstenu de revenir à la politique. En 2014, Aristide a été placé en résidence surveillée pendant une enquête sur la corruption. Quelques années plus tard, il est revenu à la politique électorale, parcourant Haïti pour promouvoir des candidats du parti Fanmi Lavalas et prononcer des discours choquant à chaque cérémonie de graduation de l'Université de la Fondation Aristide (UNIFA).

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