Société

Port-au-Prince : Le couloir de la mort

Des tirs sporadiques résonnent régulièrement dans les quartiers bas de la ville. Pendant ce temps, sur les hauteurs de Pétion-Ville et ses environs, le calme règne en apparence. Au lieu des échanges de tirs, des incidents imprévus se produisent : des intrusions chez des particuliers, des exécutions brutales et immédiates. Parfois, une nuit peut passer sans confrontation entre les bandits et les forces de l’ordre, mais le matin révèle des cadavres, sans qu’on puisse déterminer la cause de leur mort. Malgré le couvre-feu prolongé par le gouvernement, des meurtres continuent de se produire. Les médias rapportent quotidiennement des faits de deuil, de criminalité, mettant en évidence l’incapacité du gouvernement à gérer la situation, pendant que des accords sont conclus sous le regard attentif de la communauté internationale et de sa géopolitique déstabilisante.

Pendant ce temps, les habitants de Port-au-Prince se sentent pris au piège. Aucun endroit n’est sécurisé. La prison dans laquelle nous vivons depuis des temps immémoriaux pèse lourdement sur le corps et l’esprit. Certains observateurs avisés estiment que tout peuple, au cours de son évolution, subit des chocs si violents qu’il régresse en tant que groupe humain. De l’esclavage à l’occupation américaine, en passant par la dictature des Duvalier et la période démocratique, notamment l’arrivée au pouvoir du PHTK en 2011, le pays a traversé une succession de chocs qui ont détruit ses habitants.

En 2011, le pays a pris un tournant dans sa chute, plongeant dans une banalité où son essence même semblait disparaître. Vivre dans notre pays est devenu impossible, car il est devenu un enfer, une prison où le corps et l’esprit stagnent. Plus d’un millier d’Haïtiens ont fui le pays dans des conditions multiples, mais le spectre de l’insécurité continue de planer. Ici comme ailleurs, nous vivons dans l’insécurité, dans le déni, dans l’oubli, pour nous concentrer sur l’instant présent – ou sur la mort, si nous sommes en Haïti, ou sur l’exploitation excessive à l’étranger.

Le chaos qui règne en Haïti offre un terrain fertile pour les spécialistes de l’esprit. Les chocs subis, le stress quotidien, le désespoir, tout cela tue. Oui, nous sommes en train de mourir tout en restant en mouvement.

Quels projets peuvent émerger de ceux qui vivent actuellement en Haïti ou à l’étranger ? Un projet de réhabilitation, de guérison, de rétablissement ?

Sommes-nous la génération qui doit être sacrifiée pour une nouvelle vie ? Tant de questions sans réponses. Tant de cris réduits au silence, tant de morts.

Oui, nous sommes en prison, corps et esprit.

HC Network

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